Great Mountain Fire : Canopy

Dans le monde de l’indie, les Belges ont tout compris depuis belle lurette. D’abord parce que la langue anglaise ne leur pose aucun débat moral ni aucune difficulté de pratique. Ensuite parce qu’ils sont à l’exact carrefour de plusieurs cultures qu’ils absorbent avec un savoir-faire redoutable. Great Mountain Fire en est encore une preuve, un joyeux foutraque bien ordonné, un bazar limpide, une mine réjouie de talents qui semblent si faciles. Ils sont cinq gaillards et officiaient précédemment sous le pseudonyme de « Nestor ! » avant de décider un changement de nom pour l’enregistrement de leur premier album. Un renouveau essentiel, parce que la musique n’est plus celle de leurs débuts. Et parce que les envies, la vie, les rebonds…

À vrai dire hormis l’étiquette « indie » il est fort difficile d’en coller une autre au quintet bruxellois. Souvent dans une pop lumineuse, parfois dans un rock sombre et mystérieux, ils n’hésitent pas à emprunter une basse funk, un soupçon d’Afrique, une poignée d’années 1970, une synthétique des 1980, et une sacrée dose de la modernité du xxie siècle…Loin d’être un patchwork dont les fils cousus seraient visibles aux entournures, « Canopy » est d’une homogénéité stupéfiante. Comme si passer d’une sautillante polyphonie solaire à des claviers gadgets ou une plage drue et solennelle était la chose la plus naturelle du monde. Comme si se déhancher sur une piste de danse précédait forcément un vol plané contemplatif suivi d’une farandole en forêt. À se demander comment sonne la version acoustique de leur album déjà sortie en Belgique (puisque là-bas « Canopy » a déjà presque deux ans). À n’en pas douter, les évidences savent se dénuder sans perdre de leur beauté.

Great Mountain Fire c’est intelligent, décomplexé, abouti. Et serait presque un cas d’école qui prônerait de ne jamais sortir son album avant une décennie d’expérience, avant d’être totalement prêt et pro.

Marjorie Risacher

Je suis Charlie Winston

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