Kid Koala. Blues 2.0

Depuis le succès de St Germain et son « Boulevard », le blues est devenu une source d’inspiration pour un grand nombre de producteurs de musique électronique : C2C dernièrement (Down the Road) ou encore Kid Koala avec son formidable album « 12bit Blues ». Douze titres âpres et vénéneux dans lesquels le Canadien donne sa version du blues, assez proche des origines mais scratché par ses doigts d’orfèvre. À l’occasion de son retour en France pour une mini tournée, il a répondu à quelques questions de Riffx sur ce retour du blues dans la musique électronique.

Qu’est ce qui vous a donné envie de travailler et remixer du blues ?

Le blues est à la base d’un grand nombre de genre musicaux que j’aime : le rock, le jazz, le rap et tous ses dérivés. Quand j’ai essayé de remonter le fil de tous ces genres, je me suis rendu compte qu’un grand nombre de ces routes me ramenaient au Mississipi. J’ai donc voulu rendre hommage à cette musique en utilisant les outils de productions réservés au hip hop comme la SL 1200s ou la SP 1200s (NDLR : célèbres platine et sampler des années 1970 et 1980). Parallèlement j’ai perdu pas mal de membres de ma famille en peu de temps. La musique que je produisais durant cette période était très sombre et le blues m’a permis d’exprimer ces sentiments de tristesse.

Qu’y a t’il de si moderne dans le blues ?

La question ne se pose pas ainsi. Le blues est un sentiment que n’importe qui – tout âge et génération confondus –, peut connaître à un moment donné de sa vie d’une manière ou d’une autre. C’est un thème universel.

Un mot sur cette machine le SP 1200 ?

C’est un vieux sampler des années 1980 avec lequel ont été enregistrés quelques uns de mes albums préférés de rap. Il est très rudimentaire et donne un coté assez roots à la production. C’est Mario Caldato, l’ingénieur du son des Beastie Boys qui me l’a conseillé. Son côté « primitif » collait parfaitement au blues.


Session Kid Koalapar RIFFX_fr

Vous rappelez-vous de votre première écoute d’un disque de blues ?

J’ai grandi en écoutant des vieux artistes de jazz de la Nouvelle-Orléans interprétant du blues. Quand tu écoutes ces musiciens virtuoses qui ont l’habitude d’improviser et surtout de se répondre les uns les autres, cela dégage une énergie incroyable. Chacun essaie de rajouter des notes, de tordre les accords précédents. C’est le point commun avec mon métier de scratcheur qui est de « tordre » les notes.

Quel est le point commun entre le hip hop et le blues ?

Ils dégagent la même puissance et la même émotion musicale.

Quels sont les bluesmen avec qui vous auriez rêvé de travailler ?

Charley Patton, Son House, Bessie Smith !

Propos recueillis par Willy Richert

Tournée française

23/02 – Creil – La Grange à Musique

9/03 – Nice – Théâtre Lino Ventura

10/03 – Marseille – Cabaret Aléatoire