Sting, l’intemporel

Chacun de ses tubes a traversé les décennies, rappelant aux uns et aux autres des moments de leurs vies. De passage à Paris, le chanteur culte s’est prêté en toute décontraction à l’exercice de la promo. Engagé, perfectionniste, humaniste : Sting a définitivement toutes les qualités.

 

Sur l’album « My songs », vous reprenez et réorchestrez certains de vos plus grands tubes. Pourquoi cette envie ?

Pour moi, l’enregistrement n’est jamais terminé. C’est toujours un travail en cours. Retravailler mes morceaux, c’est prolongé cette expérience. Une chanson, c’est quelque chose de vivant et d’organique, sans cesse en mouvement. Quand on enregistre une chanson pour la première fois, c’est comme un premier rencard qui se passe bien. Au fur et à mesure des années de cohabitation, on commence à la connaitre de mieux en mieux.

 

Difficile de faire des choix au milieu de tant de titres cultes ?

Non ! C’est très facile de reconnaitre les chansons populaires. Cela fait des années que je les joue en concert. Je vois les réactions du public. Pour que les gens se rendent compte du travail de réinterprétation, il était important de choisir des standards.

 

Ce sont les chansons que vous préférez dans votre répertoire ?

Ce n’est pas juste ce que vous me demandez ! C’est comme choisir son enfant préféré ! (Rires). Toutes les chansons sont différentes… J’aime la diversité de ma carrière, je suis plus intéressé par le fait de surprendre que de rester dans ma zone de confort. J’aime le grand écart entre mon album de luth et mes collaborations avec Shaggy. Quoi que je fasse, j’essaye toujours de rester sincère et alerte dans mon rapport à la musique.

 

Vous avez toujours été très prolifique. Est-ce que parfois, vous avez le syndrome de la page blanche ?

C’est quelque chose qui m’a longtemps angoissé. Jusqu’à ce que je comprenne qu’il était impossible d’être productif en permanence. Il faut savoir s’arrêter et vivre pour avoir des choses à raconter et à écrire. C’est un processus important. En ce moment, je traverse cette période de « page blanche » mais ce n’est pas grave. L’inspiration reviendra, c’est cyclique.

Quel regard portez-vous sur la génération « streaming » ?

Moi-même j’adore découvrir de nouveaux artistes, collaborer avec les uns et les autres. Mais pour moi, le streaming, c’est comme une machine à café. Il suffit simplement d’appuyer sur un bouton. Je suis nostalgique du vinyle. C’était une expérience quasi religieuse quand j’étais jeune. Il fallait se rendre chez le disquaire pour l’acheter, déchiffrer et admirer la pochette qui était une véritable œuvre d’art. C’était une relique sacrée pour moi ! Puis, vous posiez l’aiguille sur le disque…Un vrai rituel ! Le streaming n’est pas une démarche artistique. Vous ne tenez pas un objet physique entre vos mains.

 

Vous êtes très engagé dans la protection de la planète, notamment de la forêt amazonienne et ce, depuis des décennies. Vous n’avez jamais envisagé une carrière politique ?

Jamais ! (En français). Je m’exprime simplement en tant qu’être humain, père, grand-père, citoyen du monde. J’ai des responsabilités et des devoirs. Cela fait 30 ans que je m’engage sur ces sujets.  Il faut que les politiciens nous écoutent, écoutent des gens comme Greta Thunberg quand elle nous dit que notre génération a tué sa planète.

 

La première fois que vous avez joué à Paris, c’était avec the Police en 77 au Gibus. Il y a quelques jours, vous vous êtes produit à l’AccorHotels Arena. A quel point aimez-vous la France ?

Le public français est très sophistiqué musicalement et toujours prompt à s’intéresser à mes explorations ! J’ai découvert le raï et la musique sénégalaise à Paris. De la même manière que le reggae a influencé notre musique en Angleterre à une autre époque, je pense que l’immigration ne fait qu’enrichir nos cultures respectives.

 

Amandine Scherer

 

  • Sting, « My Songs/ Special Edition », disponible le 8 novembre (Polydor)

 

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